Des résultats prometteurs ont été obtenus avec un prototype de vaccin contre le paludisme testé chez l’homme et mis au point par des chercheurs de l’Institut Pasteur (Paris), selon des tests préliminaires. Les travaux sur ce modèle de vaccin à base d’une molécule de synthèse dérivée d’une protéine du parasite, dénommée MSP3, sont parus dans la revue PLos Medicine. La plupart des candidats-vaccins contre le paludisme sont sélectionnés en fonction des réactions immunitaires qu’ils déclenchent chez l’animal, mais se sont souvent révélés décevants lors du passage aux essais cliniques chez l’homme. Pour contourner cette difficulté, l’équipe de Pierre Druilhe, de l’unité de Parasitologie Biomédicale à l’Institut Pasteur, a recherché directement chez des sujets naturellement immunisés, comme on en rencontre en zone d’endémie en Afrique et Asie, ce qui contribuait à leur protection contre le parasite.
Les chercheurs ont donc recherché, au sein de populations infectées par le paludisme, quels étaient les antigènes (protéines du parasite) déclenchant ces réactions de défenses immunitaires capables d’éliminer le parasite Plasmodium falciparum. En étudiant les protéines parasitaires reconnues par le sérum de ces sujets naturellement protégés, les chercheurs ont mis en évidence l’intérêt de l’antigène MSP3. Il existe en effet une très forte corrélation entre la présence d’anticorps dirigés contre cet antigène et la protection acquise par exposition naturelle à l’infection. L’essai clinique a montré que la vaccination à base de MSP3 induisait chez l’homme une production d’anticorps capables d’éliminer le parasite. Ces anticorps sont "aussi efficaces, ou plus efficaces", que ceux produits par des adultes africains naturellement protégés vivant en zone d’endémie.
Ce candidat-vaccin apparaît "dénué d’effets secondaires chez l’homme" et confère "des anticorps protecteurs de longue durée", notent les chercheurs. De plus, l’antigène MSP3 "ne présente pas de différences d’un parasite à l’autre qui permettraient à certains d’échapper aux anticorps induits par le vaccin", relèvent-ils.
Un autre candidat-vaccin contre le parasite du paludisme permet de protéger les enfants au moins 18 mois après l’injection, annoncent des chercheurs dans la revue médicale The Lancet. L’équipe du Pr Pedro Alonso, de l’université de Barcelone, confirme ainsi des résultats prometteurs obtenus l’année dernière auprès d’une cohorte de 2.000 enfants âgés de moins de cinq ans au Mozambique. Les jeunes enfants sont les principales victimes du paludisme.
Les essais ont montré que le vaccin (appelé RTS,S/AS02A) réduisait de 30 % la survenue d’une première crise de paludisme chez les enfants et réduisait de presque 58 % le risque d’une forme grave de la maladie comme le palu neurologique. Ce vaccin agit au cours de la première phase de reproduction du parasite dans l’organisme, avant qu’il envahisse les globules rouges. Il agit en se liant avec des protéines situées à la surface des cellules du parasite afin de prévenir le système immunitaire de l’arrivée d’un intrus.
Ces résultats "prometteurs", qui doivent être confirmés" par des essais complémentaires, laissent espérer qu’il sera bientôt possible de développer enfin un vaccin efficace contre ce fléau mondial, selon l’institut. Le paludisme tue un enfant toutes les 30 secondes en Afrique et au total entre 1 et 3 millions de personnes par an dans le monde, selon les estimations de l’OMS.
SOURCE :PLOS
Lancet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire